Dit-on le ou la peintre, pour désigner une femme peintre ?
Quand on parle d’une femme artiste qui peint, le mot peintre s’emploie-t-il au féminin ? Ou bien doit-il rester au masculin ? Les deux sont possibles, mais le féminin se répand de plus en plus !
Pendant longtemps, c’est le masculin un peintre qui a été privilégié, quel que soit le sexe de l’artiste. Pour parler d’une femme, on recommandait d’utiliser des formules comme une femme peintre, une artiste peintre.
Le féminin une peintre est attesté depuis longtemps mais il est resté très rare jusqu’au dernier quart du XXe siècle. En effet, à partir des années 1980, sous l’impulsion d’un mouvement général de féminisation des noms de métiers qui a eu lieu dans toute la francophonie, cette forme de féminin est devenue de plus en plus fréquente, jusqu’à presque s’imposer aujourd’hui.
Dans les dictionnaires de référence, le masculin est resté le seul genre indiqué jusqu’au tout début des années 2000, après quoi le nom peintre a été désigné épicène. Même l’Académie française, en 2019, a pris acte de l’emploi courant du féminin une peintre.
Et le féminin peintresse ?
Formé avec le suffixe de féminin -esse, le mot peintresse a changé de connotation avec le temps. D’abord neutre, employé pour désigner une femme peintre ou bien l’épouse d’un peintre, ce mot a commencé à devenir péjoratif au XIXe siècle. De nos jours, il est perçu comme désuet et un peu péjoratif.
Pour parler d’Élisabeth Vigée Le Brun, de Rosa Bonheur, de Berthe Morisot, de Sonia Delaunay, de Georgia O’Keeffe, etc., dire une peintre, un peintre, une femme peintre, une artiste peintre ou une peintresse relève d’un choix personnel. Soulignons que la tendance actuelle est de dire une peintre.
Mais le choix du masculin ou du féminin pour le nom peintre peut aussi refléter l’opinion de la personne qui emploie ce mot. Autrement dit, ce choix peut être connoté (ou perçu comme tel), sur un axe opposant les réactionnaires aux progressistes.